Neotropical Migrants and Other
Migrants néotropicaux et autres
Migrantes Neotropicales y Otros
2021, OBORO, Montréal, Québec, Canada
Projet soutenu par le Conseil des Arts du Canada
Migrants néotropicaux et autres de Maria Ezcurra explore la dimension cartographique de la mobilité, de l'artisanat et de l'écologie dans une perspective hémisphérique.
L'exposition fait partie d'un projet de recherche qui met en évidence l'intermédialité de l'art avec l'ornithologie et l'observation des oiseaux. L'objectif de la recherche était de systématiser les oiseaux migrateurs néotropicaux qui se reproduisent au nord du tropique du Cancer, plus précisément dans la province de Québec, et qui hivernent au sud de cette latitude d'où provient l'artiste.
À travers une série de quatre-vingt-dix dessins réalisés sur des matériaux d'emballage recyclés, Ezcurra présente plusieurs de ces oiseaux migrateurs néotropicaux. Certains voyagent au Mexique, comme le cormoran aux longues oreilles, ou le fumeur ordinaire qui vole jusqu’en Amérique centrale, et même l'hirondelle qui voyage d'un bout à l'autre du continent pour atteindre l'Amérique du Sud. Bien qu'il existe des listes d'oiseaux du Québec et d’espèces néotropicales, les recherches de Ezcurra ont consisté à établir une liste qui combine les deux catégories. En collaboration avec des spécialistes comme Lance Laviolette de la Nova Scotia Bird Society, des ornithologues amateurs comme Jim Harris et grâce à un vaste travail d'observation sur le terrain, l'artiste a établi une nouvelle identité pour un total de 153 espèces d'oiseaux migrateurs néotropicaux du Québec.
Le travail de Ezcurra souligne également les contradictions de la mobilité dans la géopolitique contemporaine et la circulation en tant que paradigme de la mondialisation. L'installation comprend une vaste collection d'artisanat latino-américain que l'artiste a récupérée dans les marchés aux puces et les brocantes de la ville de Montréal. La céramique, les textiles, le verre, l'onyx, la coquille, le bois, le papier amate et l'art plumaire sont quelques-uns des matériaux avec lesquels toutes sortes d'espèces d'oiseaux sont représentés. Face à la crise économique mondiale et au resserrement des contrôles d'immigration, la circulation nord-sud est reconfigurée. Mais dans cette logique, il existe des circuits alternatifs de mémoire, de subjectivité et d'affection que ces objets gardent pour ceux qui ont fait l’aller-retour d'un bout à l'autre du continent.
En même temps, la collection remet en question les hiérarchies entre l’artisanal et l’artistique. Ezcurra présente différents types d'ornements et de souvenirs (assiettes, cruches, colliers, maracas, cendriers, boîtes, séparateurs, etc.) qui délimitent l'espace de la tradition et de l'identité. Les immigrant.e.s qui identifient les codes culturels de ces objets partagent un lien qu’ils et elles reconnaissent et à travers lequel ils et elles se reconnaissent. Mais certains de ces objets trouvés font aussi référence au kitsch comme système d'un imaginaire touristique et d’un marché pour les masses du Nord qui recherchent une forme d'évasion et de confort dans le Sud, bien souvent malgré l'exploitation écologique et le travail que cela implique.
C’est dans les zones humides du Technoparc que l'artiste a trouvé son principal terrain d'observation. Actuellement, c'est un lieu privilégié pour les écologistes et les amateurs pour observer les oiseaux, dont certaines espèces menacées comme le héron vert, qui sont de retour sur l'île de Montréal. Cette « Silicon Valley » du Québec axée sur la haute technologie et l'innovation, traversée depuis plusieurs années par des luttes environnementales pour sauvegarder l'habitat de ces oiseaux, est située près de l'aéroport international Montréal-Trudeau. De là, on peut également voir les avions qui vont et viennent, parmi lesquels ceux qui arrivent du Sud chargés d'histoires de diasporas et de tourisme.
Enfin, l'exposition explore la dimension politique de la production, de la distribution et de la commercialisation de la fabrication de textiles et de vêtements. L'industrie de la chaussure, avec ses usines centralisées en Asie ou en Amérique latine qui imposent des conditions de travail précaires, a conquis le marché canadien. Ici, des chaussures recyclées, coupées et transformées sont assemblées pour créer un environnement immersif et sensoriel avec des implications à la fois personnelles et sociales. L'installation est également un clin d'œil au travail des travailleur.euse.s agricoles saisonniers, des cols bleus et des travailleur.euse.s domestiques du Sud – dont beaucoup sont autochtones – qui représentent une valeur ajoutée pour l'économie canadienne, surtout en ces temps de distanciation sociale qui ont faussé les schémas migratoires.
Vue à vol d'oiseau, cette exposition marque le besoin de Ezcurra de renouer avec la matérialité de son environnement et la circularité de l'espace dans lequel s'inscrit sa pratique artistique.
Nuria Carton de Grammont
Traduction : Remigio Valdés de Hoyos et Serge Murph
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Structures en cerceaux métalliques, bas en nylon et pierres, 2021
Photos : Paul Litherland
Structures faites de cerceaux métalliques, de bas en nylon et de pierres
Photo : Paul Litherland
Structure faite de bas en nylon, de cerceaux métalliques et de pierres
2 x 1.20 x 1.20 m
Photo : Paul Litherland
Structure faite de bas en nylon, de cerceaux métalliques et de pierres
2 x 1.20 x 1.20 m
Photo : Paul Litherland
Photo : Paul Litherland
Photo : Paul Litherland
Dessins sur des matériaux d'emballage réutilisés
Photo : Paul Litherland
Dessins sur des matériaux d'emballage réutilisés
Photo : Paul Litherland
Dessins sur des matériaux d'emballage réutilisés
Photo : Paul Litherland
Dessins sur des matériaux d'emballage réutilisés
Photo : Paul Litherland
Photo : Paul Litherland
Photo : Paul Litherland
Photo : Paul Litherland
Photo : Paul Litherland